L’argile (partie 2) : usages thérapeutiques et domestiques, précautions d’emploi

1. L’argile : comment ?

A. Usage interne

  • Le lait d’argile : une à deux cuillerées d’argile en poudre dans un verre d’eau minérale. A mélanger avec une cuillère en bois, jamais en métal. Deux usages : 1 – à boire après repos en laissant le dépôt argileux au fond du verre. 2 – à boire tel quel, aussitôt mélangé.
    Lorsqu’on veut effectuer une cure argileuse au lait d’argile, il est bon d’en passer par l’usage n°1 pendant trois semaines, puis d’appliquer l’usage n°2 par la suite. L’idéal étant d’arriver à faire une cure alternée, une semaine sur deux.

  • Les boulettes d’argile : il s’agit d’un mélange d’argile et d’eau auquel on ajoute quelques gouttes d’huile essentielle si besoin est. On roule cette pâte entre les doigts afin d’en confectionner des boulettes que l’on laissera sécher. Ensuite, on les suce comme des bonbons.

B. Usage externe

  • Le cataplasme : pour cela, il faut mélanger de l’argile à de l’eau. En premier lieu, on place la quantité d’argile nécessaire dans un récipient. On couvre d’eau et on laisse reposer. A l’aide d’une cuillère non métallique, on dispose l’argile en couche épaisse (2 à 3 cm) sur un tissu assez robuste en fibres naturelles (coton, lin, etc.). Ensuite, on plaque le cataplasme (argile côté peau) sur la partie à traiter en maintenant l’ensemble à l’aide d’un bandage pas trop serré.
    En fonction des cas, on le laisse en place de quelques minutes jusqu’à la nuit entière. Après application et séchage de l’argile, on retire le cataplasme tout doucement, on nettoie la peau à l’eau claire, enfin, on jette le cataplasme.
    On utilisera de l’eau froide ou tiède selon le but recherché (cf. cataplasme froid, cataplasme tiède), mais jamais d’eau glacée, encore moins d’eau bouillante. On peut adjoindre d’autres ingrédients tels qu’huiles essentielles, infusions de plantes, sel de mer gris, chlorure de magnésium, huile d’amande douce, huile d’olive, levure de bière, jamais au hasard mais afin de catalyser les effets de l’argile en fonction du but à atteindre. Il ne s’agit donc pas d’une tambouille approximative !

=> Le cataplasme froid : il est préconisé lorsqu’on veut le placer sur une partie du corps chaude, fiévreuse, enflammée ou congestionnée. Après application, le cataplasme va rapidement se réchauffer, il sera donc nécessaire de le remplacer aussi souvent que nécessaire.
=> Le cataplasme tiède : destiné à revitaliser un organe en particulier (foie, reins, vessie, etc.) Pour chauffer l’argile, on peut placer le mélange eau-argile au soleil, au-dessus d’un radiateur, le mieux étant le bain-marie. Évitez par-dessus tout de chauffer l’argile au micro-onde !

  • Le poudrage, déjà évoqué ici.

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2. L’argile : autres usages

A. Beauté

  • Masques divers pour peau normale, sèche, très sèche, abîmée, sensible, mixte, grasse, etc. Crèmes adoucissantes, antirides.
  • Pour les cheveux : gras, secs, dévitalisés, pelliculeux, etc.
  • Pour le corps : bains relaxants, bains amincissants, cellulite, etc.

B. Maison

  • Contre les odeurs de réfrigérateur, de tabac, de cuisine, d’essence et de gas-oil
  • Pour purifier l’eau de boisson

C. Jardin

  • En cas de greffe, de branches cassées ou fendues
  • Pour purifier l’eau d’un puits
  • Pour enrichir la terre des plantes d’intérieur

3. L’argile : attention !

Une fois de plus, une thérapie n’a rien d’anodin. Aussi, indiquerons-nous ci-dessous l’ensemble des contre-indications et conseils à respecter avant de démarrer toute cure argileuse :

  • Tendance ou risque d’occlusion intestinale
  • Éviter les prises internes d’argile en cas de constipation chronique, de traitements allopathiques ou homéopathiques, d’utilisation de contraceptif oral
  • Ne jamais prélever soi-même l’argile dans la nature car rien ne nous indique qu’elle est indemne d’impuretés, de pollutions, voire de radioactivité. Il est donc bien préférable de s’en remettre aux argiles vendues dans le commerce.
  • Ne jamais réutiliser de l’argile ayant servi. Les cataplasmes, par exemple, sont à usage unique !
  • Lors de la préparation de l’argile, que ce soit pour un usage interne ou externe, il est impératif d’utiliser du matériel adéquat et non souillé, cela va de soi. On se servira de bols en bois, en terre, en verre, relativement épais. En effet, un récipient aux parois trop fines (genre cristal) peut se briser sous l’effet des interactions ioniques puissantes des éléments minéraux contenus dans les diverses argiles lorsqu’elles sont placées au contact de l’eau. Comme il a été dit plus haut, ne jamais utiliser de cuillère en métal, une cuillère en bois (ou en céramique) étant ce qui est le plus adapté.

4. L’argile : annexes

Les animaux et l’argile

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Pratiquement tous les animaux vertébrés qui mangent fruits, feuilles ou graines ont recours à l’argile pour se soigner, au-delà des traditionnels bains de boue. C’est le cas des éléphants, des rhinocéros, des girafes, des buffles et des chimpanzés en Afrique. En Amérique du Sud, perroquets et singes se soignent par l’ingestion de boulettes d’argile.
L’argile permet de lutter contre les mycotoxines, les endotoxines, les produits chimiques de synthèse, les bactéries et les virus. De plus, elle protège le tube digestif et agit comme anti-acide.
En 1999, on a vérifié l’hypothèse suivante : les animaux utilisent-ils l’argile comme contre-poison ? Par expérience, on a démontré que l’argile prévenait le passage des alcaloïdes dans le sang, au niveau de l’absorption intestinale. Ainsi, protège-t-elle l’intestin des agressions chimiques des parties végétales toxiques ingérées. C’est particulièrement le cas pour certaines espèces de singes qui supportent ainsi une nourriture que d’autres animaux ne toléreraient pas.

© Books of Dante – 2014

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L’argile (partie 1) : où, quand, quoi, propriétés ?

1. L’argile : où et quand ?

Elle est connue depuis des millénaires, si l’on en croit d’anciens papyrus égyptiens. Il y a 5 000 ans de cela, les médecins égyptiens utilisaient de l’ocre jaune – variété d’argile – afin de soigner une multitude de maux. Les embaumeurs s’en servaient pour la conservation des corps, non sans l’avoir additionnée d’huiles essentielles.
En Grèce, on l’appelait « terre de Lemnos » où Galien se rendit afin d’en constater les effets à travers des cas de dysenterie, intoxications, hémorragies et autres troubles digestifs. Quant à Pline l’Ancien, il évoque une terre blanche se situant près de Naples.
L’usage de l’argile est attesté de façon quasi universelle (Hildegarde de Bingen, Marco Polo, Avicenne, etc.) en de multiples endroits (Afrique, Himalaya, etc.)
Au XIX ème siècle pourtant, elle est en butte aux progrès de la médicamentation chimique. Cependant, des personnalités comme l’Abbé Kneipp surent lui rendre ses lettres de noblesse. Ce dernier sut en venter toutes les vertus après observation de cas de guérison par l’argile sur des animaux malades. Par la suite, il adapta cette thérapie à l’homme. D’autres que lui prospectèrent dans cette voie : Louis Kühne, Adolf Just, Julius Stumpf, le pasteur Felke, etc.
Au début du XX ème siècle, on mélange l’argile à de la moutarde destinée aux soldats français de la Première Guerre Mondiale afin d’éviter des cas de dysenterie, ce qui eut des effets positifs.
Plus tard, bien qu’injustement qualifié de « remède de bonne fame », l’argile a su retrouver une certaine notoriété grâce aux travaux de Raymond Dextreit, entre autres.

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2. L’argile : c’est quoi ?

On distingue l’argile d’altération rocheuse (granit, etc.) de l’argile issue de la sédimentation. Chimiquement, les argiles sont des silicates d’alumines hydratés qui contiennent des éléments minéraux multiples, lesquels sont responsables des différentes couleurs des argiles.

  • Argiles riches en silice et alumine : kaolinite, dicktite, halloysite, montmorillonite (de Montmorillon, en France ; également appelée : terre à foulon, terre de Sommières, terre de Carpentras, bentonite, etc.), pyrophyllite, illites

  • Argiles riches en silice et magnésium : antigorite, saponite, talc, vermiculites, sépiolite, attapulgite

  • Argiles riches en silice et fer : nontronite, glauconite

Les argiles les plus courantes en thérapie sont les quatre suivantes : la montmorillonite, la kaolinite, les illites et l’attapulgite. S’y ajoute le rhassoul en cosmétique.

3. L’argile : propriétés ?

  • Absorption : il s’agit là du fameux effet « pompe » de l’argile.
  • Adsorption : capacité qu’a l’argile de fixer et de neutraliser toxines et autres alcaloïdes.
  • Radioactivité : l’argile est capable d’agir sur les radiations nocives. Raymond Dextreit avance qu’il « semble que l’argile possède la propriété de stimuler la radioactivité des corps sur lesquels elle est appliquée si celle-ci est déficitaire, ou d’absorber celle en excès ».
  • Antibactérien.

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A. Montmorillonite (la fameuse verte, mais parfois bleue ou blanche) : il s’agit là d’une argile de qualité supérieure qui n’a rien à voir avec les autres argiles vertes, d’où sa prépondérance en thérapie. Elle est désintoxiquante, minéralisante et absorbante. On l’utilise sous forme de cataplasme, eau argileuse, bain de bouche, dentifrice, etc. Elle est communément utilisée pour traiter les affections suivantes : abcès dentaires, carie, autres problèmes de dents et de gencives / asthme, angine, maux de gorge, bronchites, rhume, sinusite / ulcères stomacaux, gastrite, gastro-entérite, vers intestinaux / verrues, brûlures, zona / fatigue générale, asthénie / fibrome, kyste ovarien / maux de tête / cystite / entorses, lumbago / transpiration excessive.

B. Kaolinite (blanche) : cette argile-là s’utilise en cataplasme, emplâtre, masque. Elle possède des vertus antibactériennes, anti-inflammatoires, cicatrisantes et désintoxiquantes. On l’utilise dans les cas suivants : protection des muqueuses gastrique et intestinale, fermentation intestinale constipation, diarrhée, intoxications alimentaires, colites / métrites, vaginites, leucorrhée / rougeur de fesses chez les bébés (en lieu et place du talc) / odeurs corporelles.

C. Attapulgite (blanche, verte, rouge vif) : grand pouvoir adsorbant. En cas de : pansements gastriques, ulcères d’estomac, colites, gastrite, gastro-entérite, diarrhée.

D. Illites : absorbantes. Particulièrement en cataplasme. Pour les affections suivantes : abcès, furoncles, ulcérations, panaris, eczéma, psoriasis, dermatoses / asthme, bronchite, rhume, sinusite / troubles digestifs, gastrite, gastro-entérite / contusions, entorses, foulures, plaies, blessures, brûlures / rhumatismes, arthrose / impuretés et toxines / fibrome, kyste ovarien /maux de tête / otites, douleurs d’oreilles / cystite / problèmes dento-gingivaux.

Dans la seconde partie de cet article, nous aborderons les différentes manières d’utiliser l’argile, tant par voie interne qu’externe. Seront évoqués également les autres usages domestiques de l’argile ainsi que les précautions d’emploi.

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